2012 : Rapport Prospection Archéologique pour l’étude du château et de son territoire

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1. Circonstances de l’opération

Ce rapport porte sur l’opération de prospection archéologique diachronique qui a été menée en 2012 sur les communes pré-pyrénéennes d’Izaut-de-l’Hôtel, Aspet, Arbon, Malvezie et Genos, au sud du département de la Haute-Garonne.

Cette première opération de recherches scientifiques s’insère dans un projet de valorisation patrimonial, engagé avec l’association « Les 7 collines » dont la vocation est la sauvegarde, la conservation, et la mise en valeur du patrimoine local.

Il porte sur l’ensemble des vestiges castraux du Castet et son environnement territorial médiéval, et vise à leur étude, consolidation, préservation, et valorisation. Ce projet est soutenu par la Commune d’Izaut-de-l’Hôtel et la Communauté de Communes de Trois Vallées.

2. La zone de prospection

La zone de prospection se situe au sud du département de la Haute-Garonne, 10 km au sud de Saint-Gaudens, et couvre un secteur à cheval sur deux cantons (Aspet et Barbazan).

Ce cadre spatial correspond aux communes d’Arbon, Aspet, Genos, Izaut-de-l’Hôtel et Malvezie. Il forme une bande allongée qui s’étend sur près de 16 km de long dans l’axe est/ouest et sur une largeur moyenne de 4 km dans l’axe nord/sud, soit une superficie d’environ 64 km2.

En l’absence d’archives sur le territoire primitif de la seigneurie d’Izaut et Malvezie, telle qu’elle est mentionnée durant la première moitie du XIIIe siecle1, nous avons retenu des critères géographiques pour en établir les limites théoriques.

3. Problématique de l’intervention

L’opération de prospection diachronique nous a conduits, en 2012, à inventorier les sites préhistoriques et historiques (du paléolithique a l’époque moderne), localisés sur notre zone d’étude. Il s’agissait ainsi de mieux cerner l’environnement archéologique médiéval du site du Castet, sur une zone correspondant approximativement au territoire seigneurial et paroissial primitif, et comparer ces données de terrain aux données écrites et graphiques existantes (archives, monographies, cartes, plans…).

4. Déroulement et méthodologie de l’intervention
4.1. L’exploitation de la documentation :

Les sources écrites médiévales sur le Comminges, très peu nombreuses, sont dispersées dans des fonds variés, conservés aux Archives départementales de la Haute-Garonne, du Gers et certainement des Hautes-Pyrénées. Ce problème implique un travail d’enquête archivistique, de longue durée, en prenant également en compte les archives d’époque moderne.

Cette enquête vise à renseigner le château d’Izaut, mais également ses seigneurs, la seigneurie et la paroisse.
4.2. Reconnaissance des vestiges archéologiques du site castral et de ses abords

o Les structures archéologiques du site castral

En 2012, nous avons mené une première reconnaissance des vestiges archéologiques bâtis sur le site castral du Castet.

La majeure partie du travail a consisté en plusieurs campagnes de débroussaillage intensif afin d’identifier et relever les structures archéologiques enfouies sous le couvert végétal quasiment impénétrable avant notre action.

Cette opération a donc nécessité d’importants moyens matériels et humains, la masse considérable de végétaux devait être regroupée en dehors des vestiges archéologiques, dans des zones vierges de toute occupation. Nous avons tout d’abord aménagé des aires de stockage des déchets. Une dizaine de tranchées (environ 4m de large x 50m de long) ont ainsi été pratiquées dans le sens de la pente, tout autour de l’espace fortifié. Les rejets végétaux ont été acheminés et entassés au fond de ces couloirs de stockage. Ces aires ont également servi de fenêtre pour la levée topographique de la périphérie du site.

Au fur et à mesure du débroussaillage, deux équipes topographiques ont travaillé en complémentarité : l’une pour le levé des éléments bâtis, élévations comprises, l’autre pour le levé des reliefs, ruptures de pentes et modelé numérique de terrain.

Ces enregistrements topographiques visaient à établir un plan précis de l’espace fortifié et de ses abords directs.

Les vestiges dégagés à l’issue de ce défrichement (murs de fortifications, fondations de bâtiments, anomalies de terrains, empierrements et terrasses artificiels, retailles du lapiaz, etc.) ont commencé à faire également l’objet d’un premier enregistrement sur fiche documentaire détaillée (localisation, description, relevés métriques, croquis, etc.), et de photographies. Les données archéologiques, ainsi collectées, ont servi à élaborer les premières pistes de réflexion sur l’organisation et l’évolution du site.

o Le mobilier archéologique au sol

Suite aux opérations de défrichement, plusieurs campagnes de prospection systématique ont été menées sur l’ensemble castral du Castet. Elles ont vise à identifier et enregistrer les isolats remarquables ou concentrations de matériel archéologique, dispersés en surface de sol.

Les collections archéologiques ainsi recueillies ont fait l’objet d’études préliminaires. Celles-ci concernent principalement la céramique, le silex, et quelques objets exceptionnels (monnaie, éléments de parure…). Nous les avons documentés (analyse descriptive, dessins normalisés, quantification), et analysés (identification typo-morphologique, datation, répartition spatiale).

o Les structures archéologiques hors du site castral, sur ses abords

Parallèlement à la prospection de l’espace fortifié, de premiers repérages ont été effectués sur la colline du Castet. Notre équipe de 20 personnes a été rapidement confrontée au même problème que sur le site castral, une végétation particulièrement dense empêchant fréquemment sa progression. C’est pourquoi seule la pente orientale a été explorée.

Sur cette zone, les vestiges d’un bâtiment médiéval ont été mis en évidence, associés a de la céramique du Moyen Age Central.

Sur cette même zone, une série de terrasses agricoles, des tronçons d’anciens chemins, et d’autres vestiges bâtis ont déjà été repérés. Ils feront l’objet d’un examen attentif lors de nos prochaines opérations.

En bas de la colline, sur la rive orientale du Job, un canal de dérivation, à sec, associé à un mur en ruines, ont également été observés. Ce canal n’est signalé sur aucun plan ancien ou récent. Il fera également l’objet d’investigations en 2013.

4.3. Prospection pédestre après labours

Une campagne de prospections pédestres a été dirigée en 2012 afin de détecter d’éventuels sites archéologiques sur les secteurs agraires du bassin d’Izaut-de-l’Hôtel. Il s’agissait d’identifier, localiser, et renseigner tous les indices archéologiques mobiliers révélés par les labours, ainsi que toutes anomalies archéologiques au sol.

Sur le terrain, les champs ont été parcourus selon une progression par rangs, laissant des intervalles de 2m a 5m entre chaque observateur. Les données archéologiques ont été enregistrées selon un protocole commun, adopté pour l’ensemble des prospections pédestres :
– Chaque zone inspectée a fait l’objet de description détaillée, indiquée sur fiche de prospection
– Ces observations ont été complétées par des prises de vues photographiques et relevés métriques lorsque les découvertes archéologiques l’exigeaient.
– Les vestiges archéologiques ont été précisément localisés sur site (coordonnées GPS et cadastrales, croquis de repérage). Les objets prélevés au sol ont reçu sur place un marquage avant d’être conditionnés. Leur identification et quantification ont été renseignées.
– le matériel archéologique a ensuite été lavé, trié, reconditionné, et inventorié sur la base de données BERNARD, selon les préconisations du SRA Midi-Pyrénées.

Cette campagne de prospection s’est déroulée sur dix journées, impliquant des effectifs allant jusqu’à 31 personnes. 22,6 hectares ont été couverts sur les 750 hectares du bassin d’Izaut-de-l’Hôtel, ce qui correspond à environ 3% de cette enclave naturelle. Nous sommes donc loin d’avoir évalué tout son potentiel archéologique.

4.4. Prospection archéologique en contexte spéléologique

Nous avons complété notre opération d’inventaire par la prospection des sites archéologiques en contexte spéléologique (grottes, avens, abris sous roche). La plupart d’entre eux étaient déjà connus par le Service Régional de l’Archéologie Midi-Pyrénées, mais relativement peu renseignés. Nous avons donc décidé d’enrichir cette documentation et de nous y rendre, afin de vérifier l’existence de structures ou mobilier archéologiques encore sur les lieux. Nos explorations ont été encadrées et sécurisées par deux spéléologues confirmés. Nous n’avons effectué qu’un ramassage sélectif des éléments déplacés.

Lors de nos progressions dans ces cavités et lors du post-traitement du mobilier, nous avons fait appel, lorsque cela était nécessaire, aux observations de spécialistes en anthropologie et en archéozoologie, plus particulièrement sur les gisements paléontologiques, les grottes sépulcrales et l’étude des collections de fouilles anciennes issues de ces grottes.

Sur neuf grottes recensées en 2012, huit ont pu être explorées. Ces investigations ont abouti à des résultats archéologiques dépassant nos espérances initiales.

4.5. Prospection aérienne

Nous avons procédé a une prospection archéologique aérienne au dessus de notre zone d’étude, ayant pour objectif principal de réaliser une couverture photographique aérienne complète du site castral du Castet (Izaut-de-l’Hôtel), et de détecter des anomalies archéologiques sur le site antique de Damount-Es-Pourtaous (Izaut-de-l’Hôtel).

A cette occasion quelques sites médiévaux ou modernes, encore en élévation ou en ruines, ont également été reconnus : l’église Saint-Roch (Genos), la chapelle Notre-Dame-de-Bien (Genos), le manoir de Campels (Arbon), les fortifications de la grotte de Malvezie (Malvezie).

Les sites ont été survolés en boucles, à basse altitude (500 pieds minimum). Des photographies obliques ont été réalisées en rafales, à haute sensibilité.